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Le collier de perles vertes
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Je suis éparpillé sur la route, chacune de mes perles vertes séparées l’une de l’autre, elles scintillent, je suis en train de m’éteindre. Je me souviens :
Jamal me portait à son cou depuis toujours. Je me rappelle ce jour où il m’offrit à son frère. Je me rappelle que cette nuit là, Jamal avait marché toute la nuit pendant des heures pour enfin s’arrêter face à Soleiman, son frère à qui il me donna. Je m’étonnais de cette séparation mais je me disais que c’était pour une bonne cause, car Jamal partait définitivement. S’il me donnait à son frère, c’était sûrement pour lui transmettre sa force, son amour, pour qu’il ne l’oublie pas. Alors la vie reprenait son cours, au cou de Soleiman.
Soleiman et moi sommes restés pendant deux jours dans une camionnette avec des semblables afin de se rendre en Europe. Mais un jour, le camion avait été arrêté pour ne plus jamais redémarrer. Je me souviens que les hommes de la camionnette avaient frappé et pris la montre et l’argent de Soleiman. Il ne lui restait plus que moi car à leur yeux je n’avais aucune valeur. A son réveil, Soleiman était seul sur une plage avec un homme, nommé Boubakar, qui lui aussi avait résisté aux coups. Puis j’ai le vague souvenir que Soleiman, très en colère, est parti avec cet homme et qu’ils ont marché longtemps, très longtemps. Ensuite, nous sommes remonté dans un second camion, Soleiman avait peur. Peur de ne pas arriver à destination, peur de rompre la promesse qu’il a faite à Jamal. Après deux jours, lorsque le camion s’était arrêté, Soleiman a fait une chose très surprenante. Il est sorti du camion, s’est précipité sur un homme l’a ensuite frappé, l’a volé pour ensuite s’enfuir avec tout ce qu’il avait pris. Je sentais qu’il avait plus peur que jamais. Puis le camion a continué de rouler, et s’est arrêter. A partir de ce moment là, à partir du moment même où Soleiman est descendu et s’est éloigné en marchant, tout a changé. Je le sentais bouleversé, perdu dans ses pensées. Quand tout à coup, arrivé sur un marché, il s’approchait d’un homme assis puis avait murmuré << Massambalo >>, trois fois de suite. Dés lors que l’homme avait acquiescé, je sentis de l’espoir et du bonheur, ce que je n’avais jamais sentis ni sur Soleiman, ni sur Jamal. Puis Soleiman me tira délicatement de son cou pour me déposer sur celui de l’homme, qui répondait au nom de Massambalo. Je m’étonnais pour la seconde fois de cette séparation, mais une fois de plus, j’avais le sentiment d’être plus utile. Quelques instants plus tard, je sentis une main, des doigts, fins et longs se poser sur mes perles vertes. Je ne me doutais pas que ce serait la dernière fois.
Les instants qui suivirent, furent les derniers, ils sont très vagues. Je me souviens que Massambalo marchait, pendant quelques minutes. Puis il y a eu un choc. Nous sommes tous les deux tombés, brisés sur la route.